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LA VERTU
Une vertu est une disposition de caractère chez une personne, un groupe, une organisation ou une société qui permet de faire le bien, c’est à dire d’agir de manière éthique.
Autrement dit, c’est la manifestation tangible d’une valeur, notamment par les attitudes que manifestent une personne, un groupe, une organisation ou une société.
Les vertus sont des « excellences humaines » c’est à dire des qualités admirables ou louables du caractère. Pour Aristote par exemple, les vertus s’acquièrent volontairement par l’enseignement, l’expérience et l’habitude.
On peut admettre que l’amabilité, l’authenticité, la bienveillance, la bonté, la droiture, l’équité, l’honnêteté, l’indulgence, l’intégrité, la loyauté, la modération, la patience, le respect, la sagesse, la transparence et la véracité correspondent à des vertus c’est à dire des qualités humaines estimées ou admirables, cependant le catalogue peut varier selon les perspectives éthiques engagées.
LA VALEUR
Le terme valeur s’emploie dans des domaines extrêmement variés, politique, esthétique, moral, éthique…
L’étymologie vient du latin « valere » qui veut dire être fort, puissant, « être bien portant » puis « valoir ». Au sens ordinaire : qualité des choses, des personnages, des conduites, que leur conformité à une norme ou leur proximité par rapport à un idéal rendent particulièrement digne d’estime. Le terme valeur a désigné également, en français, le « courage », la « vaillance »…
Les valeurs ne se transmettent pas d’elles-mêmes, il n’y pas de valeurs innées, elles ne se découvrent pas toutes seules. Les enfants ne les connaissent pas et ne les apprécient pas spontanément. Par exemple on ne naît pas avec le respect de tout autre…
Comme le souligne R. OGIEN, les énoncés en termes de valeurs peuvent être :
- Évaluatifs (jugement positif ou négatif en fonction des représentations de la hiérarchie des valeurs, jugement qui approuve ou réprouve les choix)
- Prescriptifs (impératif de type «il faut», etc.)
- Directifs
La perspective les concernant peut être aussi bien axiologique (à composante descriptive comme «courageux», «généreux», etc.) que normative («bien», «mal», «meilleur», «pire», etc.).
Les valeurs de déploient dans trois champs : la culture, la conscience personnelle et le milieu professionnel.
Les valeurs personnelles
Ce sont celles qui sont le plus ancrées en nous. Nous en sommes imprégnés dès notre enfance par notre éducation familiale.
Elles forment nos convictions, elles influencent notre interprétation d’une situation et la manière dont nous la vivons. Elles sont dites idiosyncratiques, c’est-à-dire qu’elles sont propres à chacun.
Elles sont organisées hiérarchiquement selon l’importance que chacun leur accorde, elles se traduisent dans nos actes. Ce système de valeur influencera nos décisions professionnelles selon ce que nous estimons être bon ou mauvais à faire.
Les valeurs culturelles
Nous en sommes également imprégnés dès notre enfance mais ce sont les valeurs communes à un groupe, à une communauté. Elles sont propres à notre culture d’appartenance et influencent nos convictions autour des conceptions de la santé, la maladie, la mort. Elles relèvent du processus de socialisation.
Les valeurs professionnelles
Selon le Comité Infirmier International (CII) – 1994 : « Les valeurs professionnelles sont les qualités générales estimées comme telles par une profession. Pour les soins infirmiers, ce sont celles que font prévaloir les codes de déontologie professionnels et la pratique même des soins. »
Elles sont énoncées dans des textes officiels tels que : les droits de l’homme, le code de déontologie, le code de l’infirmière du CII, les règles professionnelles, la charte du patient hospitalisé.
Certaines valeurs professionnelles ne sont pas d’ordre moral mais elles sont les valeurs traditionnelles de la profession. Ex. : le sens de l’organisation, l’efficacité, la discrétion…
Le conflit de valeurs : dilemme éthique
Le dilemme éthique résulte d’une situation où un individu est confronté à un choix déchirant parce que les options qui s’offrent à lui se fondent sur des valeurs irréconciliables ou difficilement conciliables.
LA NORME
- Norme descriptive, une référence à une moyenne : état régulier, conforme à la majorité des cas. Modèle courant dégagé statistiquement, qui représente les caractéristiques humaines d’une espèce (la normalité selon Claude Bernard). La norme dans ce sens n’induit pas de jugement de valeur, mais une évaluation, une mesure – “hypo ou hyper”- et va nécessiter un réajustement par rapport à la moyenne (revenir en quelque sorte dans l’apogée de la courbe de Gauss).
- Norme “prototypique” : un “type idéal” le type considéré comme prototype, comme étalon. L’idéal de beauté, l’idéal de santé impliquent une norme prescriptive dans le sens où elle implique un jugement de valeur relatif à la conformité ( Opposée à anomalie, anormalité, déviance). Cette norme -norme sociale- est une règle implicite (règle explicite = loi) qui exerce une pression diffuse sur l’individu, poussé à se conformer par incitation rationnelle comme par exemple lors d’actions de prévention (le “bio-pouvoir” de Foucault).
- En sociologie, la norme sociale est définie comme les principes de conduite, de pensée, imposés par la société (les “habitus” de Bourdieu). Un idéal de comportement sur lequel on doit régler notre existence. Les producteurs des normes sociales sont appelés agents de contrôle social : famille, (socialisation primaire), puis l’école, la vie en collectivité, les institutions étatiques (socialisation secondaire), les médias, les autorités religieuses (parfois)… Une norme sociale, correspond à une règle de conduite spécifique qui détermine un comportement attendu ou défendu au sein d’un groupe dans un contexte particulier. Toute norme suppose une certaine pression sociale à la conformité, et le non-respect de la norme est généralement associé à une forme de sanction plus ou moins explicites, différente selon que les prescriptions ou proscriptions de comportements sont officielles (textes) ou officieuses (façons de faire usuelles). De ce point de vue, la norme a un caractère moral car elle définit une conduite jugée moralement préférable et diffère en ceci d’une autre acception de la norme conçue en tant que moyenne statistique.
Les normes ne sont pas figées. Elles évoluent dans le temps, elles sont relatives aux sociétés. La norme biologique a tendance à devenir une norme sociale (médicalisation) qui oblige au conformisme somatique d’abord puis à la conformité existentielle par extension. C’est ce que Marcel Mauss qualifie de “fait social total”. (Cf. Encyclop’éthique « NORMES »)
LE PRINCIPE
Alors qu’une valeur correspond à un concept abstrait de nature évaluative, un principe se traduit par une règle d’action qui permet l’actualisation d’une ou plusieurs valeurs ou normes : il énonce ce qu’on doit faire pour bien agir. Les valeurs précèdent le principe qui permet de l’actualiser pour les respecter. Autrement dit les principes permettent aux valeurs d’exister dans la réalité, dans nos décisions et actions.
Les principes éthiques fondent le « principisme » que l’on doit aux théoriciens Beauchamp & Childress :
- La bienfaisance : normes qui visent à procurer des bénéfices et qui évaluent les bénéfices par rapport aux risques et aux coûts,
- La non-malfaisance : norme qui prescrit d’éviter de causer du mal,
- L’autonomie : norme qui prescrit de respecter les capacités de prise de décision des personnes autonomes,
- La justice : normes qui prescrivent la répartition équitable des bénéfices, des risques et des coûts.
Les principes forment un cadre pour identifier des problèmes moraux et y réfléchir. Ce sont des outils de délibération.
CONCLUSION
Une vertu est une disposition de caractère permettant l’agir éthique c’est à dire la manifestation tangible d’une valeur.
Une valeur éthique est un concept abstrait de nature évaluative servant à déterminer l’acceptabilité ou le bien-fondé d’une attitude, d’une action, d’une préférence ou d’une situation.
Un principe éthique correspond à une règle d’agir qui actualise une ou plusieurs valeurs.
La réflexion éthique peut être normative en ce sens qu’elle permet de créer des normes ou de les modifier afin d’améliorer de manière dynamique les normes qui régulent la pratique.
Mylène Gouriot
Bibliographie indicative :
- Marie-Josée DROLET, Mélanie RUEST, De l’éthique à l’ergothérapie, Ed. Presses de l’Université du Québec, 2021
- Pierre LIVET, Valeurs, philosophie, Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 1 septembre 2021.
- Guillaume GRANDAZZI, Éthique et santé publique : utilitarisme, principisme et paternalisme
- Dir. Sylvain Auroux, Encyclopédie philosophique universelle : Les notions philosophiques, Ed. PUF, 1990
- R. Ogien, Normes et valeurs, Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, PUF, Paris, 1996, pp. 1052-1064